dimanche 10 janvier 2010

TOGETHER OR ALONE



Un cinéma, un mardi soir de décembre, quoi de plus normal? Ce qui l'est moins, c'est qu'un employé du cinéma remercie les spectateurs d'être venus assister au film, Les Chats Persans. Tout le monde le regarde, intrigué. Il annonce que par un bien heureux hasard il se trouve que Bahman Ghobadi, le réalisateur, se trouve être ici, à Paris, dans notre cinéma.

L'homme arrive, souriant, parlant un peu français mais préférant s'exprimer en farsi pour ne pas avoir à chercher ses mots. D'une voix à la fois douce et calme il explique (ou plutôt on nous traduit) que depuis qu'il a tourné Les Chats Persans il n'a plus le droit de retourner en Iran. L'histoire sur laquelle se construit le film est bien réelle, c'est pourquoi il est important que l'on parle du film, c'est le seul moyen de faire savoir ce qui se passe en Iran en ce moment. On l'applaudit et sans plus attendre le film commence.

Dès les premières minutes, on quitte la petite salle du 6ème arrondissement, direction Téhéran l'insoumise. Bien qu'étant sous le joug de la censure et des lois islamiques, le film nous montre que les iraniens sont loin de se laisser faire. Le régime pensait les anéantir, les pousser à l'inaction, il ne pouvait pas plus se tromper. Pas moins de 2 000 groupes underground existent à Téhéran, preuve s'il en est de la créativité de la ville. Et c'est précisément ce que souhaitait montrer Bahman Ghobadi, au risque de ne jamais pouvoir retourner dans son pays, tout comme les acteurs ayant participés au film.



Je ne suis pas du genre activiste, mais là quelque chose s'est passée. Je ne sais pas si c'est le fait de voir cet homme, si passionné qui semblait nous livrer son bien le plus précieux, si c'est le film nous montrant le Téhéran qu'on ne voit jamais ou si c'est simplement moi, qui cherchait à prendre part à quelque chose plus grand que moi; mais en tout cas ce film m'a bouleversé. Car si on réfléchit deux secondes, elle est bien mignonne notre génération désanchantée (comme dirait Mylène) mais on cherche quoi avec nos Skins Parties, nos propos outranciers faits pour choquer, notre jemenfoutisme? On cherche du sens dans cette société qui nous donne tout sans que l'on ait besoin de se battre pour l'obtenir, le moyen de se sentir un peu plus vivant, ou simplement à se faire peur? On a plus vraiment de combat à mener alors on tente, comme on peut, de donner du sens à notre existence. Et n'y arrivant pas, on tente d'oublier se qu'on fout là. Sexe, alcool et rock'n'roll mon amour.

Pourtant, tout d'un coup, dans cette petite salle de cinéma j'ai retrouvé ma naïveté d'ado, celle avec laquelle je croyais que je pourrai changer le monde. Et l'espace d'un instant je me suis mise à nouveau à y croire.

Sinon tant pis, on peut toujours se tailler les veines.


TAKE IT EASY HOSPITAL

6 commentaires:

Anonyme a dit…

En y réfléchissant, y'a pas mal de scènes qui ont dues être tournées à l' "abri", ne serait ce que celle de la police lors de l'arrestation du passeur et de l'officier/juge soudoyé, plus celles des caves. Sinon c'est difficilement crédible, et c'est un peu dommage.

Delphine a dit…

Je n'en suis pas si sûr, n'ayant pas d'autorisation pour son film, le réalisateur ne pouvait donc pas vraiment avoir d'"abri" pour tourner.

Anonyme a dit…

Alors, n'ayant pas d'autorisation, il a pris le risque de filmer une voiture de police arrêtant un dangereux trafiquant de passeports qu'il a convaincu de tourner dans son film en sachant qu'il était surveillé?

ELLE a dit…

C'est un film, pas un documentaire où tout est 100% réel. Mais je continue à penser que oui il a pris des risques pendant tout le tournage puisqu'il n'avait aucun droit de le faire. Je crois me rappeler d'avoir lu quelque part que pour les scènes avec les policiers il a négocié avec un ami réalisateur qui avait une autorisation et qui tournait avec des policiers (acteurs) s'il pouvait les "emprunter" pendant une journée.

Yacari a dit…

Et puis quand bien mm ce serai des acteurs... Mm si pour vous anonyme le film paraît peu crédible, c'est la vrai situation en Iran : aucun droit d'expression, aucune liberté... estimons nous heureux d'être en France et respectons ceux qui prennent le risque de faire changer les choses

D A N C E T O T H E T U N E R a dit…

Je crois que j'étais passée à côté de ton article, en tout cas je suis heureuse de trouver un post sur les "Chats Persans". J'ai adoré le film, et pareil, j'en suis ressortie bouleversée. Pour ne rien gâcher, Take It Easy Hospital est un très bon groupe.

Concernant le tournage, je pense que les risques étaient bel & bien là, et comme le dit bien Yacari, le film reste dans tous les cas terriblement crédible.