Par un samedi ensoleillé et quelques heures avant leur concert à la Flèche d'Or, je rencontre les deux zoulous du groupe d'électro-pop/rock Call Me Senor à la terrasse d'un café. Sur leur 1er EP, Oh La La, on sentait déjà toute l'énergie d'Alex (à la guitare) et JB (au chant), il en est de même IRL, jugez plutôt.
Call Me Senor @ La Flèche D'or, le 27 novembre 2010. (copyright Anh Phi)
La musique à l'origine c'est pour choper des filles ou ça a toujours fait partie de vos vies?
Alex: Je chopais plus de filles avant de faire de la musique.
JB: La même, on avait plus de temps pour choper des filles avant. On a toujours écouté énormément de musique et au bout d'un moment tu te poses la question si ça serait intéressant d'en faire, de passer le cap. T'es fan de musique, t'as des posters dans ta chambre et tu te dis tiens ça serait cool d'essayer d'en faire.
Alex: Pour certains c'est leurs parents qui les poussent alors que nous c'est venu de nous même, instinctivement on n'a pas essayé de reprendre d'autres groupes, on a appris seul à composer chacun de notre côté.
Avant Call Me Senor, vous faisiez partie de The Victorians, de 2004 à 2007, pile au moment de l'effervescence autour du "renouveau de la scène rock française", vous en gardez quel souvenir?
JB: Nous on était plus en retrait, de par notre son, il y avait beaucoup de trucs qui sonnaient très Libertines, très Strokes, on l'était un peu, parce que c'était dans l'air du temps, clairement on a tous été inspiré par ça, mais avec The Victorians, au fur et à mesure, on est parti sur un délire un peu brit-pop, gros fan d'Oasis, de Blur, de choses comme ça, donc on était à la fois dans le truc et en décalage par rapport aux autres.
Alex: Après sur le phénomène, évidemment nous ça nous dérangeait un peu d'être associés tout de suite à des groupes qui ne faisaient pas du tout le même style de musique. Mais on ne peut pas nier que ça a créé un engouement et que ça nous a permis d'aller jouer en Angleterre, ce qui ne se serait jamais passé autrement. C'était grâce à cette effervescence que certains groupes ont eu la chance d'aller en Angleterre, d'avoir des documentaires sur eux etc. C'est dur de s'en plaindre, quand ça t'amène ce genre de chose. Mais c'est vrai que c'était un peu horrible ces soirées "Passe ton Bac", nous on l'avait déjà eu depuis un moment, ça faisait un décalage. En plus, on n'avait pas le même son, nous on cherchait plus, déjà, la mélodie, ce qu'on a continué avec Call me senor et ce qu'on a perfectionné dans ce groupe là, alors que les autres c'était plutôt la rage, balancer 2/3 accords bien et l'énergie, être sur scène quoi.
J'ai cru comprendre que vous n'aimiez pas qu'on vous parle de "scène parisienne", vous pouvez m'expliquer pourquoi?
JB: Pour moi, c'est parce que la scène parisienne n'est pas particulièrement excitante en ce moment.
Alex: Ça dépend à quelle période tu fais référence.
JB: Ouais, mais là, à Paris, il y a peut être un ou deux groupes capables de nous exciter...
Alex: Et on joue avec eux ce soir! (Sourya et Neimo, ndlr)
JB: Et on joue avec eux ce soir ouais, mais sinon ce n'est pas un truc excitant, on a clairement pas envie de s'ancrer dans un mouvement qui n'est pas forcément celui qui nous plaît et qui est un peu endormi en ce moment. Certes, on est très parisien en ce moment, sur nos concerts, notre son, parce que de toute façon ce qui nous nourrit c'est cette ville, au moins en partie. On est dans une période Paris, mais à termes on va essayer de jouer un maximum à l'étranger. C'est l'objectif, notamment pour 2011.
Alex: Le truc c'est que quand tu es associé à un courant, c'est facile de faire des généralités, de dire: "de toute façon ça c'est passé, ça c'est nul, ils ne se réinventent pas, ils font la même chose". L'autre truc c'est des articles lus et des débats dans Rock'n'Folk & co: ils prennent un groupe au hasard, à l'époque dont on parlait ils ont pris les Naast, ils ont tapé dessus comme des malades et maintenant ils disent "ouais peut être que c'était pas si mal, on n'aurait pas dû y aller aussi fort sur eux". C'est un peu abusé de faire des courants, d'en choisir un de le mettre en égérie puis le taper dessus jusqu'à ce qu'ils arrêtent la musique. Les Naast c'étaient des gamins à l'époque, ils avaient quoi, 17 ans? C'est pas cool de faire ça. Donc nous on préfère se différencier dès le départ.
JB tu disais que la scène parisienne n'est pas très excitante en ce moment, pour vous quelle scène, aujourd'hui, l'est?
Alex: Pas Londres en tout cas... Ça doit être L.A, mais ça fait chier!
JB: Non mais par exemple à New-York récemment il y a des trucs assez cool…
Alex: Ça c'est pas mal essoufflé depuis 2007 quoi, à l'époque t'avais 30 groupes qui étaient tous bons et après t'aimais ou t'aimais moins, maintenant c'est un peu dur, il y a 10 albums, il y en a 2 que tu écoutes en entier quoi.
JB: Il reste des trucs comme le rappeur Das Racist qui me fait marrer, il fait partie de Boy Crisis, c'est des trucs qui m'amusent et qui me branchent.
Alex: Y'a les Raveonettes aussi, qui sont quoi Suédois, Norvégiens? (Danois, ndlr)
JB: Y'a pas vraiment de ville qui nous branche en particulier, peut-être que ce sera Paris avec une prochaine scène, je ne sais pas.
Vous êtes un groupe parisien, français, alors pourquoi chanter en anglais?
JB: Parce que justement on est français, parisien et tout, mais c'est un moyen de rejeter ce truc de Paris et pas spécialement s'inscrire là dedans. On veut bien, à la rigueur, à l'étranger être considéré comme français, ça devient un peu marrant, ça te donne un petit exotisme.
Alex: Comme on est surtout distribué sur le label Shakermaker, qui est un label digital, c'est juste dommage de se limiter à la France, la Belgique, la Suisse, le Luxembourg, ça fait léger quoi.
JB: L'Angleterre c'est un truc qui nous fait vibrer et auquel on aimerait s'attaquer
Alex: Ça nous permet de travailler à avoir des textes écoutables et lisibles, davantage que le groupe parisien qui va juste faire un best of des paroles d'Iggy Pop, des Beatles ou des Stones, avec les mêmes rimes tout le temps, où tu es capable de finir la phrase d'après la rime précédente, alors même que c'est la première fois que tu écoutes la chanson. Comme ça on pourra passer pour un groupe non parisien, peut-être.
Call Me Senor ça vient d'où, c'est un trip entre vous ou il y a une vraie explication derrière?
Alex: C'est un trip entre nous, on a fait ça ensemble, on a trippé sur cinq noms assez cons, et on a choisi celui là. Notamment parce que tu as deux mots anglais, un mot en espagnol, ça allait bien avec notre idée de brouiller les pistes.
Niveau composition ça se passe comment?
Alex: Soit on fait tout ensemble tous les deux, soit, ce qui s'est plus passé ses derniers temps: JB écrit une chanson ou je l'écris et après on se la passe à l'autre.
JB: Ou alors on la termine à deux pour être sûr d'être d'accord sur tout.
Alex: On a fait partie d'un groupe avant les Victorians, donc ça fait sept, huit ans qu'on est dans les mêmes groupes
JB: qu'on fait de la musique ensemble, on se connaît à mort. Et l'intérêt, vu qu'on est que deux, c'est qu'on va super vite. Le filtre pour les chansons c'est juste qu'elles plaisent aux deux et dans ce cas là on passe direct à l'étape suivante.
Alex: Ça permet d'écrire plus vite mais c'est aussi plus fatiguant, on s'y attendait. Au début c'est super excitant, tu peux contrôler presque toute la "chaîne de production", on a décidé de tout faire tout seul mais y'a des moments où c'est dur.
Pour vous la scène c'est un kiffe ou vous avez la trouille?
JB: Récemment pour moi, la scène c'est vraiment devenu uniquement un moment de plaisir, et moins en moins de trouille. C'est plus tellement un truc que j'appréhende, il y a quelques dates où il y a des enjeux, mais pour nous l'enjeu va de plus en plus être dans l'écriture de la chanson. Enfin je le vois comme ça, là où je stresse c'est d'écrire la chanson ultime. Sur scène on se marre en général.
Alex: On répète beaucoup pour être carré, carré, carré, tout le temps. Après le but 1er en concert c'est pas forcément que les gens écoutent tes chansons, évidemment que si mais pour ça t'as le support chez toi, le plus important c'est surtout qu'ils passent un bon moment. On a tendance à ne pas jouer les acoustiques en live, ce soir par exemple on ne va pas le faire, on veut vraiment faire un set de 40 minutes où les gens vont danser, s'éclater et voilà. En général on fait des concerts le vendredi, le samedi soir, que ce soit au Bus Palladium ou à la Flèche, t'es vraiment là pour te faire plaisir mais surtout faire plaisir aux gens. Tu peux avoir -je ne devrais pas dire ça- des coupures de sons, des problèmes, si jamais tu assures, tu passes un bon moment et les gens se marrent aussi, la soirée est sauvée et en général les programmateurs sont très contents de ça. Maintenant qu'on fait quelque chose de plus électro avec ce groupe, c'est très facile sur piste, en live moins, surtout à deux, il nous faudrait beaucoup de machines, beaucoup de personnes. Donc on a un peu changé, les guitares sont différentes, il y a des voix qui ont changé, des choeurs et tout, donc c'est en plus une nouvelle expérience, c'est plus adapté à la scène. Nous on les connaît par coeur les chansons donc c'est plus marrant de les jouer différemment sur scène.
Est-ce que vous réussissez à vivre aujourd'hui de votre musique?
JB: On a eu un ou deux mois où à ce rythme là ça serait bon. Là on est en préparation, c'est un peu bizarre à expliquer, mais on a un peu pris notre temps. Au début on ne l'a pas fait, et on a vu qu'il fallait peut-être le prendre. Le déclic ce sera 2011, s'il y en a un, pour l'instant on prend notre temps, on ne fait pas beaucoup de concerts, on écrit, on essaie d'attirer l'attention, après on verra.
Alex: C'est aussi la différence par rapport à tous nos groupes d'avant. Auparavant, on avait tendance à faire plein de concerts, là c'est vrai que si on faisait un concert tous les soirs, partout en France, juste de quoi se défrayer et y aller, on pourrait, mais on l'a déjà fait avec nos groupes, tu joues joues joues et au final tu as deux, trois articles. Alors que là on a sorti un premier produit, on va en sortir un deuxième, on essaie de faire les choses dans l'ordre, avec des gens qui nous plaisent pour être sûr du résultat. En prenant notre temps on finit par gagner du temps. (rire général) Tu peux le mettre en caractère gras ça! Et à Paris, même quand ton groupe marche bien tu ne peux pas faire un concert par semaine, le max c'est un par mois, sinon les gens ne viennent pas, c'est à peu près ce qu'on fait maintenant.
BEST OF
Votre meilleur concert en tant que Call me senior?
(en choeur): Bus Palladium
Votre meilleur concert en tant que spectateur?
JB: Récemment, les Foals à Manchester, j'adore le 2ème album, ainsi que le 1er, et là être au milieu d'anglais bourrés pour un concert de rock c'est juste génial!
Alex: Moi ça remonte! Ça fait trois ans que je ne suis pas allé faire de concert à Paris. Kasabian, je les avais vus plusieurs fois, parce qu'on est vraiment fan, et je les avais vus notamment une fois à Londres, l'un des derniers concerts, ils avaient changé plein de trucs, ils avaient des choristes etc. et la 1ère partie était chanmée aussi.
La meilleure boîte où jouer?
Alex: L'installation sonore est pas ouf mais j'aime bien le Baron.
JB: J'aimerai bien jouer chez Moune, j'aime bien les trucs petits.
La meilleure salle de concert?
Alex: Là où on rêverait de jouer? La Cigale ou l'Olympia, des salles qu'on n'a pas encore faites, qui sont déjà plus prestigieuses, mais sinon en salles où on a joué: Social Club, Point Éphémère, Flèche D'Or. La Flèche D'or la salle est belle, le son est bon, tu peux avoir un public devant.
Le meilleur mag' musical?
JB: Je n'en lis pas beaucoup. De temps en temps un petit NME parce que c'est marrant. Ils vont encenser un groupe pendant une semaine et après dire que c'est de la merde, ils arrivent à créer de l'excitation, chaque semaine il y a un meilleur groupe de tous les temps. Sinon Dirrty Music (clin d'oeil)!
Alex: Je lis parfois Technikart ou les Inrocks mais je ne suis jamais d'accord avec les critiques musiques.
Le meilleur groupe actuel?
Alex: Il ne faut pas que je réponde, ça fait trois jours que j'ai Kanye West dans la tête. De toute façon il n'y a que deux albums que j'écoute en entier Kanye et Foals, ah oui et I Blame Coco, ça en fait trois.
JB: le Phoenix est bien aussi, ah mais il n'est pas de cette année... Bon bah pareil avec Kasabian. Le prochain va être trop bien il paraît, complètement différent.
5 commentaires:
Le nombre de fautes d'orthographe empêche la lecture d'un entretien qui a l'air pourtant assez drôle et intéressant...
Si tu veux jouer au SR, be my guest.
1er para:
Pas la peine de mettre un "de" avant le premier Call Me Senor
La virgule après n'a pas lieu d'être
l'énergie (accents!)
ITW:
R#1 Alex: je chopais (un seul p)
Q#2 vous faisiez partiE
R#2 Alex: d'être associéS
R#3 JB2: Ancrer (c'était ma faute préférée)
puis de se défrAYer
Tu es embauché.
Sympa l'interview ! Congrats !
Sinon je trouve leur analyse sur leur période Victorians plutôt honnête et pertinente. Concernant toute la hype de l'époque, les mecs cachent pas qu'ils en ont quand même malgré tout profité. Ça change des groupes qui ont plus du tout assumé par la suite.
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